Il existe deux techniques modernes de fabrication de savon artisanal et semi-industriel : la saponification à chaud et la saponification à froid. OK, mais déjà qu’est-ce que la saponification ? Et avec quoi ? Et comment ? …
Commençons par le commencement. Dans cet article nous voir comment se fabrique un savon, quel processus cela implique, et quels sont les ingrédients possibles. Allez c’est parti !
Les bases
Le savon se fabrique par le mélange de corps gras ( végétal et/ ou animal et/ ou minéral) et d’un alcali (ou base forte ou lessive), ce qui entraîne une réaction chimique appelée saponification. Les composés formés sont le savon et la glycérine.
Quésaco ?
Corps gras :
Un corps gras se compose d’un triester (résultant de l’action d’un acide sur un alcool avec élimination d’eau) de glycérol et d’acides gras.
Parmi les corps gras nous distinguons 4 catégories :
- Les huiles et beurres végétaux : huile d’olive, d’amande, de coco, beurre de karité, de cacao, etc. Ingrédient par excellence des cosmétiques naturels, en plus de l’hydratation elles apporteront d’autres bienfaits liés à la plante dont l’huile est extraite. Il faut faire cependant attention aux allergènes, et le coût de certaines huiles peut être élevé (du fait de la difficulté de l’extraction ou la quantité de matière première nécessaire pour faire 1L). Pour bien les choisir il faut les acheter Bio ou de récolte sauvage, première pression à froid et le plus brut possible (pas raffiné).
- Les graisses animales : bœuf (suif), cochon (saindoux), mouton, sanglier, etc. Bon marché et ayant des propriétés hydratante et émolliente, elles offrent cependant moins de bienfaits que les plantes et peuvent entraîner des problèmes éthiques dus à la chasse intensive (baleine, requin, etc.).
- Les huiles minérales : vaseline, paraffine, etc.. Il s’agit de composés issus de l’industrie pétrochimique, extraits du pétrole. Ils sont bon marché, ont des propriétés hydratantes mais sont fortement polluantes pour l’environnement et peuvent se révéler toxiques pour le corps.
- Les silicones : ce sont « des composés synthétiques à base de silicium et d’oxygène formant des polymères aux molécules de grandes dimensions » (Cosmeobs). Peu chers et reproductibles à l’infini oui, mais très polluants et sans principes actifs bénéfiques sur la peau, même au contraire. A cause de leur effet occlusif ils empêchent la peau de respirer pouvant provoquer des problèmes cutanés. De plus certains sont soupçonnés d’être des perturbateurs endocriniens.
AISTHESIS utilise seulement des matières grasses d’origine végétale, de qualité Bio au maximum ou de récolte sauvage.
Alcali ou base forte ou lessive :
On distingue 3 différents alcalis :
- L’hydroxyde de sodium (NaOH) ou soude caustique : obtenu notamment par électrolyse de chlorure de sodium il permet d’obtenir des savons durs.
- L’hydroxyde de potassium (KOH) ou potasse : obtenu par électrolyse de chlorure de potassium, il sert à fabriquer les savons liquides.
- Le carbonate de potassium (K2CO3 ) : il est présent naturellement dans les cendres issues de la combustion de bois ou plantes.
Un peu de chimie :
Du point de vue de la chimie la saponification est l’hydrolyse de corps gras en milieu alcalin par une base forte (lessive) qui résulte en glycérol (= glycérine) et carboxylates (de sodium ou de potassium suivant la base forte utilisée).
C’est une réaction lente, totale et exothermique (dégageant de la chaleur).
Voici la formule chimique du processus de saponification :
D’accord … et en français ça donne quoi ?
Donc, pour faire du savon, il faut mélanger des matières grasses et de la lessive comme la soude ou potasse. A partir de là commence la réaction chimique qui va consommer toutes les matières pour se transformer en savon tout en dégageant de la chaleur. Facile ! … enfin presque …
Car en réalité la fabrication de savon implique la prise en compte de nombreux facteurs. En effet les caractéristiques nettoyante, moussante, hydratante, crémeuse, et de dureté dépendent du choix des matières grasses choisies. Un mauvais calcul et le savon se désagrégera, ou ne moussera pas, etc.
De plus selon les corps gras choisis la quantité de soude nécessaire variera également. En effet chacun a besoin d’une certaine quantité de soude ou potasse pour être saponifiée (cf. Source: Indice de saponification d’Alternative Nature) .
Mais il ne faut pas forcément beaucoup d’ingrédients pour faire un savon. Par exemple le savon de Marseille ne comporte que 2 matières grasses différentes (huiles d’olive et coco), et le savon de Castille ne se fait originellement qu’avec de l’huile d’olive !
Aisthesis a, quant à elle, choisi de faire des recettes complexes utilisant au minimum 5 huiles végétales différentes pour cumuler leurs bienfaits et les retransmettre dans ses savons ! Dans tous vous retrouverez la même base : l’huile d’olive, de coco, de ricin et le beurre de karité à laquelle sont ajoutés d’autres huiles/ beurres variant selon les recettes.
Alors pourquoi ajoute-t-on d’autres ingrédients?
Le savon lave oui, mais les plantes ont de nombreuses propriétés curatives et de façon générale bénéfiques pour notre peau. Donc en incorporer au savon permettra de bénéficier de leurs bienfaits ! De plus aujourd’hui tout va très vite et notre façon de vivre avec, donc d’avoir un produit combo (lavant et soin) n’en est que plus pratique.
Par ailleurs ces ajouts permettent de parfumer et colorer le savon.
Plusieurs types de matières peuvent être ajoutées lors de la fabrication du savon :
- Des extraits animaux, comme le miel, la cire d’abeille (cf savon Aisthesis Ah-Muzen-Cab), etc.
- Des extraits végétaux, comme des plantes en poudre (ex. curcuma, café, ortie, thé, charbon végétal, algues, etc.), des huiles essentielles (lavande, romarin, menthe poivrée, hélichryse italienne, etc.), des extraits liquides (vanille, mangue, bière, café, etc.) (cf. Savons Aisthesis Airmid, Bachue, Bereguinia, Lakshmi, Ruth, etc.)
- Des extraits minéraux, comme les argiles (verte, rose, etc) ou oxydes, micas, etc. (cf. savons Aisthesis Benzaïten, Neptune, et Tislit N Anzar)
Aisthesis utilise une large variété d’extraits (animaux, végétaux et minéraux), dont l’association bien méditée a permis de fournir des savons riches en diverses propriétés !
Par exemple le savon Gouye Ndiouly combine les bienfaits de l’huile végétale de baobab (adoucissante, réparatrice, apaisante, etc.), de la poudre de pulpe de baobab (riche en vitamine C, purifiante, assouplissante, etc.) et de l’huile essentielle de lavande vraie (anti-inflammatoire, antalgique, antiseptique, etc.). Donc en plus de laver ce savon pourra être utilisé pour le rasage : la poudre de baobab servant de support entre la lame et la peau pour moins l’agresser, la lavande apportant le côté antiseptique et calmant les rougeurs, et l’huile de baobab aidant à réparer la peau, pour avoir une peau souple, non irritée, protégée et hydratée.
Pour avoir d’autres exemples n’hésitez pas à aller voir la rubrique Savons sur la boutique en ligne d’Aisthesis ICI
Et le surgras c’est quoi ?
Le surgras d’un savon est révélateur de sa douceur et son hydratant. Concrètement cela signifie qu’il est enrichi en huile, c’est-à-dire que lors de sa fabrication il a été mis plus de matière grasse que de lessive, de sorte à s’assurer que toute la base forte est bien consommée (pour ne pas avoir de savon caustique) et qu’il reste du corps gras dans le savon à la fin du processus de saponification. Ce dernier procurera de l’hydratation à la peau lors du lavage.
Les savons Aisthesis sont tous surgras à 8%, ce qui veut dire que dans chaque recette il y a 8% de matière grasse en plus de la quantité nécessaire pour consommer la lessive.
Y a-t-il un autre moyen de savoir s’il ne reste pas de soude dans le savon ?
Bien sûr ! Chaque lot de production est contrôlé à l’aide d’un test pH pour bien vérifier que le savon n’est pas caustique.
Du coup que sont les saponifications à froid et à chaud ?
Je pense que cela fait pas mal d’informations à digérer pour cette fois, alors nous verrons cela dans le prochain article ! 😉
En attendant n’hésitez pas à me contacter si vous avez des questions ICI!